BlackBerry, avant d’être un tas de cendre valorisé à près de 3,5 milliards d’euros, était un fleuron de la technologie canadienne. Comment expliquer, qu’en moins de 15 ans RIM soit passé de la position de n°1 mondial du smartphone à une société exsangue, licenciant plus d’un tiers de son personnel, puis rachetée par un fond d’investissement ?
Retour sur une catastrophe numérique et un triste adieu.
En 1999, le premier BlackBerry est commercialisé par RIM (Research In Motion, nom de la société jusqu’alors propriétaire de la marque commerciale BlackBerry, ndlr). Ce téléphone, l’un des premiers smartphones, est une véritable révolution. Il permet d’avoir ses mails en instantané grâce à la fonction push, offre un service de communication entièrement crypté, des outils bureautiques… De fait, les entreprises et l’État américain, constituent leurs flottes de ces smartphones canadiens.
En 2007, Apple sort l’iPhone et révolutionne le marché des smartphones. En effet, dès ce moment-là plus rien ne sera pareil pour la firme canadienne.
Même si dans un premier temps, le smartphone entièrement tactile n’est pas un rival « crédible » et que BlackBerry continue sa progression, on voit cependant la plupart des fabricants adopter le style Apple sans clavier. Mais les Canadiens s’obstinent à produire leurs terminaux avec des claviers AZERTY aussi pratiques qu’ennuyeux…
En juin 2008, Apple sort l’iPhone 3G qui augure le début de l’ère du smartphone entièrement tactile pour tous.
RIM tente de réagir en commercialisant le BlackBerry Storm. Cependant, ce téléphone reçut un accueil pour le moins mitigé. En effet, il est principalement dirigé vers le cœur de cible de RIM (les professionnels) mais offre une qualité d’appel et d’autonomie plutôt légère. Alors qu’Apple et Android offrent dès 2008 un Store pour télécharger des applications sur leurs mobiles, BlackBerry met un an à réagir – mollement – en lançant sa fusée BlackBerry App World.
Depuis cette époque, la lente agonie n’était qu’une évidence pour les fins observateurs. Rarement une société adorée pas ses clients et fleuron technologique d’un pays, a réussi à se faire hara kiri aussi simplement et rapidement.
Entre 2009 et 2013, Apple, Samsung, Sony et dans une moindre mesure Nokia ont proposé des nouveautés, des designs nouveaux,…
En 4 ans BlackBerry a gesticulé comme un lombric sur un feu, sortant des modèles à la pelle mais aucun ne correspondait aux nouveaux souhaits. Entre temps, il y eut trois jours (du 10 au 13 octobre 2011) de black-out des serveurs BlackBerry… plus de mails, plus de BBM (BlackBerry Messenger, le service de discussion instantané de RIM, ndlr) plus d’échanges pendant trois jours : une éternité pour les dizaines de millions d’utilisateurs à travers le monde. Un coût financier de réparations et de dédommagements de préjudices très lourd. Peu à peu, les entreprises, pourtant premier vecteur de développement de RIM, ont laissé leurs employés choisir leurs téléphones… souvent un iPhone ou un Samsung.
Il faut avouer, que la révolution du smartphone enclenchée par Apple, a fait bon nombre de morts. On pense notamment à Motorola (depuis racheté par Google et Nokia, surtout pour ses brevets), Ericsson (lâché par Sony et disparu de la circulation), Nokia (qui essaie de s’en sortir), Sagem (qui ?), Siemens, Phillips,…. Mais aucun de ces derniers n’était leader ou presque sur le segment investi alors pas Apple.
Depuis le 24 septembre 2013, BlackBerry a été racheté pour 4,7 milliards de dollars américain (soit la coquette somme de 3,5 milliards d’euros environ, ndlr) par un fond d’investissement canadien. Personne ne doute que le but est de récupérer les brevets et de se recentrer sur ce qui a fait la fortune de BlackBerry : à savoir la clientèle professionnelle.
Reste cependant à savoir s’il est possible de se relever de telles déconvenues et dettes. Affaire à suivre donc…
Article mis à jour le 24 janvier 2021 par Byothe
En fin de compte, il leur manquait un visionnaire. Un type pour dire « ça, ça a du potentiel, ça en revanche ça ne marchera pas ».
Très bon article, tu commences fort 😉
Content que ça t’ait plu… Merci 🙂