Vous ouvrez les yeux, vous attrapez votre téléphone, vous faites défiler les notifications ? On est tous pareils. Maintenant, imaginez la même scène… en 1967, avec une imprimante qui cliquette au pied du lit ! C’est exactement ce que la BBC a diffusé il y a près de 60 ans dans l’émission Tomorrow’s World (Le Monde de Demain) : un Londonien, Rex Malik, reçoit les cours de la Bourse et son planning du jour sans quitter sa couette. Pas de WiFi, pas d’écran tactile ; juste un gros terminal baptisé « Scan » connecté par câble à un gigantesque ordinateur planqué dans la City.
À l’époque, la promesse semblait folle : « Dans vingt ans, toutes les maisons auront une prise spéciale pour brancher un ordinateur. » Six décennies plus tard, on se balade avec un mini-PC dans la poche. Preuve que les visionnaires de la BBC n’étaient pas si perchés… et que nos routines ultra-connectées reposent sur des idées lancées bien avant l’invention du Wi-Fi.
Retour en 1967 : Rex Malik et son terminal « Scan »
Rex Malik vit à Highgate, au nord de Londres. Au saut du lit, il presse un bouton : le terminal « Scan » se réveille, imprime les cours de la Bourse, son agenda, même le solde de son compte bancaire. Tout cela en anglais courant, sans une once de code binaire à taper. Pour les sixties, c’est carrément bluffant.
Le reportage insiste : deux terminaux identiques trônent dans l’appartement, reliés à ce « cerveau géant invisible » blotti dans la City. On parle ici d’un énorme ordinateur partagé — du time-sharing avant l’heure — auquel seuls quelques privilégiés peuvent se connecter. Les ingénieurs interrogés par la BBC envisagent déjà l’arrivée de prises « informatique » standard dans chaque logement : une prédiction un peu optimiste pour 1987, mais pas si éloignée de notre fibre optique actuelle.
Un prototype bien réel, mais un ordinateur personnel hors de prix
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la séquence n’est pas un décor de cinéma. Rex Malik tapote réellement sur un téléscripteur modifié, relié par modem à un central. Entre deux ronronnements dignes d’un bus à impériale, les données imprimées arrivent bel et bien du « super-ordinateur » londonien situé à plusieurs kilomètres de là.
Cependant, ne vous y trompez pas : nous sommes face à un prototype démonstratif. La BBC veut frapper l’imagination, montrer qu’une vie « connectée » est techniquement possible. Mais en 1967, aucun catalogue ne propose le terminal « Scan » en location grand public, et vous n’auriez trouvé ce service ni chez Harrods ni chez Darty.
Pourquoi cette archive vaut encore le détour ?
Aujourd’hui, nos montres comptent nos pas, nos frigos commandent le lait, et l’IA complète nos emails. Revoir un terminal bruyant occuper la moitié d’une chambre nous rappelle qu’avant chaque révolution tech, il y a un prototype hors de prix dont tout le monde se moque. Les lunettes de réalité augmentée ou les voitures autonomes feront peut-être sourire vos petits-enfants, comme le téléscripteur de Malik nous amuse aujourd’hui.
En tout cas une chose est sûre, les ingénieurs des années 60 rêvaient déjà de démocratiser l’accès à l’informatique et à l’information.
Le terminal Scan comme avant-goût de nos smartphones ?
Tomorrow’s World n’a pas tout deviné, mais son éclairage sur l’ordinateur domestique reste une pépite d’optimisme rétro. Le terminal de Rex a vieilli, pas l’idée : mettre la puissance de l’information à portée de main sans bouger de chez soi.
Alors, la prochaine fois que vous râlez parce que votre WiFi rame, pensez à Rex Malik, à son téléscripteur tonitruant et aux 30 £ par semaine qu’il déboursait pour moins de fonctionnalités qu’un smartphone premier prix. Souriez : vous tenez entre vos mains ce que des visionnaires, il y a près de soixante ans, n’osaient qu’imaginer.












